Comment s’aventurer dans les rues du vieil Avignon sans se sentir pénétré par cette atmosphère provençale où se mêle comme un avant-goût de Côte d’Azur ? Là, le Palais des Papes, symbole d’une cité religieuse idéale, emblème d’une défunte utopie, domine encore la ville de sa haute silhouette.
Aujourd’hui, qu’est Avignon ? Le lieu privilégié d’un foisonnement théâtral populaire initié par le très vénéré Jean Vilar ? Une ville où souffle l’esprit du pays de Molière ? Il y a deux ans, en me rendant pour la première fois en Avignon, je m’attendais bien à pouvoir laisser flâner mon esprit sur la vaste scène avignonnaise, mais je n’étais pas préparé à la force d’attraction toujours puissante que le Festival exerçait sur les foules.
Depuis 1998, lorsque la fine fleur du théâtre taïwanais fut invitée à participer au Festival «in», des liens solides se sont tissés entre Avignon et Taïwan. Avignon a offert aux troupes taïwanaises la visibilité internationale d’une scène prestigieuse et depuis lors, professionnels aussi bien qu’amateurs de théâtre n’ont cessé de louer l’inventivité et la qualité du théâtre taïwanais qui, il est vrai, n’a cessé de son côté de faire des efforts pour se hisser au niveau des meilleurs standards internationaux, ce dont Avignon est le témoin privilégié.
Le «off» d’Avignon, ouvert à toutes les initiatives et à toutes les audaces, offre aux passionnés de théâtre, de danse et de musique de tous pays un merveilleux espace où peuvent s’exprimer les talents. Taïwan ne saurait évidemment être absente de ce laboratoire de création théâtrale vers lequel se concen¬trent les regards du monde entier et qui, ne serait-ce que par le nombre de troupes qui s’y produisent, est devenu le plus grand festival de théâtre au monde.
Introduction du Festival
En 2010, pour la quatrième année consécutive, le Centre culturel de Taïwan a programmé la participation de plusieurs troupes taïwanaises au festival d’Avignon, avec la volonté d’ouvrir un espace de dialogue encore plus large avec le monde du théâtre et avec le public.
Les cinq troupes qui seront à Avignon en 2010 se caractérisent toutes par leur créativité, par une grande diversité de styles et d’origines. Scarecrow Contemporary Dance Company recourt au langage de la danse contemporaine pour se livrer à une méditation introspective du moi. Riverbed Theatre s’inspire de l’atmosphère poétique des Fleurs du Mal pour élaborer un spectacle mêlant marionnettes, musique, danse et images, très représentatif du surréalisme taïwanais contemporain. Playbox Theatre se distingue par des créations originales portées par des textes profondément enracinés dans le terroir taïwanais. YiLab. Danse renouvelle l’esprit de la danse contemporaine en mariant technologie et danse. Ten Drum Art Percussion Group, tout en s’inscrivant dans la grande tradition des percussions taïwanaises, explore des voies innovantes. Cinq troupes et autant de modes d’expression artistique : corps, langage, son, narration, image, etc. sont les éléments constitutifs de l’écriture théâtrale, les média par lesquels se dessine l’image de notre vie.
Chih-Cheng CHEN
Directeur du Centre culturel de Taïwan